feuille. C’est qu’il est fort, lui !… Toi, tu n’es rien… Tu n’es même plus beau…
— Ma nourrice, gronda Goha dans une colère folle, les yeux injectés de sang… Je crache sur Sayed !
— Goha, cria la négresse en agitant la main… Goha, je vais me fâcher !…
— Je crache sur Sayed ! hurla Goha, et une gaieté féroce inondait son visage… Oui, et je le tue !
Mais la négresse s’était subitement calmée, Elle haussa les épaules, chantonna, assura le mandil sur ses cheveux. Goha demeura décontenancé. Tout à coup, il courut vers Hawa, se blottit contre elle et balbutia :
— Je ne peux pas, ma nourrice, je ne peux pas… Tout ce que tu voudras, mais ça je ne peux pas…
Et tandis qu’il sanglotait, Hawa songeait, presque malgré elle, à la mâle fierté du vendeur d’oranges.