voitise. Elle cligna de l’œil à ses compagnes et dit négligemment :
— La négresse ne t’a rien donné à manger ?
— Non, répondit Goha en s’asseyant, elle ne m’a rien donné.
— Eh bien ! je suis une bonne fille, reprit la Syrienne. On prétend que tu es amusant… Fais-nous rire et je te donnerai des fèves.
Sans plus s’occuper de Goha, elle poursuivit son repas. Goha, que les filles regardaient à la dérobée, s’ingéniait stupidement à enfoncer ses doigts dans ses babouches.
— Qu’est-ce que tu attends, demanda la Syrienne ?
Goha eut un sourire contrit. Les yeux ouverts sur la jeune femme il songeait : « Il y a longtemps que je veux te dire une chose… une chose… Oh ! pas pour que tu me donnes des fèves. Ce qu’il me faut c’est que tu sois gentille, et que les autres aussi soient gentilles comme au premier jour, quand je suis arrivé… »
— Amusant, toi ? s’exclama la Syrienne. Un fameux idiot… Oui ! Et la négresse a bien tort de s’encombrer de toi…
— Tu as raison, appuya une de ses compagnes… Une tête pareille porte malheur.
Impressionnées, les prostituées s’écartèrent.
— Mon chéri, j’ai à te parler, dit la négresse à Goha qui était venu la rejoindre. C’est très sérieux, et la prochaine fois je me fâcherai. Moi, je gagne ma vie et toi, tu t’en moques. Quand mes clients passent près de toi, tu n’em-