Tout en parlant, elle avait pris à droite une rue que Goha se rappela avoir suivie en compagnie de son âne. Sur le pas des portes se tenaient des femmes au visage dévoilé. En présence de Hawa, Goha éprouvait de la honte à les regarder. Plus d’une fois, il voulut demander à sa nourrice pourquoi elle venait là, mais une pudeur le retenait et il se répétait à lui-même que c’était le destin qui les conduisait. Hawa questionna un mendiant, puis, se tournant vers Goha, lui dit :
— Nous avons dépassé l’endroit.
Ils revinrent sur leurs pas.
— Mon fils, demanda Hawa à un enfant qui passait, est-ce bien ici qu’habite Sidi Ahmed Ibn Ahmed ?
— Sous le porche, devant toi.
La négresse dit à Goha de l’attendre. Lorsqu’elle revint, une heure après, Goha dormait profondément.
— Il refuse, cria-t-elle, les bras en mouvement, Sidi Ahmed refuse de me louer une chambre !
Elle écarquilla les yeux.
— Ah ! tu dors ! cria-t-elle, donnant libre cours à sa colère, Ah ! tu veux que je sois seule à me casser la tête ! Ah ! tu te moques de moi ! Et d’abord, puisque tu dors, je dormirai aussi.
Mettant à exécution ce qu’elle croyait une vengeance, elle s’assoupit auprès de Goha. Soudain, à travers un demi-sommeil, elle perçut les éclats d’une voix puissante qu’elle connaissait.
— Hé la ! chef des idiots, faut-il que je te coupe la tête pour te réveiller !