— Je reçois qui me plaît, dit-il. Et puis voici mes conditions : tu veux vivre dans ma maison, je te l’accorde, mais le jour où tu essayeras de me voir, de me parler, de me donner des conseils, ce jour-là si tu ne quittes pas cette maison c’est moi qui la quitterai.
Mabrouka heurta Goha à la porte et s’enfuit en courant. Goha n’avait jamais été si réellement en colère. Il pria son hôte de punir Khalil pour son impertinence et le cheik s’efforça de le calmer.
— Khalil est une bête ! criait Goha.
— Tu as raison, c’est une bête, répondit El-Zaki.
— Il faut le lui dire, mon cheik.
— Je le lui dirai, mon enfant.
En voyant entrer son jeune ami, Cheik-el-Zaki s’était souvenu d’un détail qui le frappa pour la première fois. La veille, aux funérailles de Nour-el-Eïn, il avait remarqué Goha, un peu en arrière du cortège. Chaque fois qu’il s’en approchait, les assistants l’écartaient avec brusquerie. El-Zaki revoyait nettement leur geste et en rapprochant cette manifestation publique de malveillance de la singulière attitude de Khalil et de l’insinuation de Mabrouka, il fut stupéfait d’avoir découvert une vérité affreuse.
Goha le considérait, la mine réjouie, car il avait une bonne nouvelle à annoncer :
— Nassime, la femme de mon père, est accouchée ce matin, dit-il. Elle a eu un garçon. Ça fait deux garçons et moi…
« C’est donc lui », se dit El-Zaki et, en proie à