loin de toi pour que tes jours s’écoulent heureux auprès de Nour-el-Eïn. Mais j’apprends que tu es seul. Puis-je être tranquille à présent ? Le puis-je ?
Ne recevant pas de réponse, elle soupira profondément et se frappant la poitrine :
— Non, je ne peux pas être tranquille, reprît-elle… Il te faut une femme pour surveiller la maison. Dieu t’a privé de Nour-el-Eïn, je viens la remplacer.
Le nom de Nour-el-Eïn revenait sans cesse aux lèvres de Mabrouka. El-Zaki avait cru qu’au souvenir de la jeune femme, il ne pourrait répondre qu’avec dégoût et colère. Et voici que des larmes lui troublaient la vue.
— Quoi ? Qu’y a-t-il ?
Mabrouka fixait sur lui ses grandes prunelles noires.
— Tu as crié ? reprit-il.
Elle eut un rire surprenant, un rire gracieux et chantant, pareil à celui de Nour-el-Eïn.
— Crié ? J’ai à peine toussé.
El-Zaki s’était levé. Le front appuyé contre la vitre de sa fenêtre, il eut la vision d’une barque ballottée au gré des vagues : « Je suis comme cette barque, songeait-il, comme cette barque… » et sa pensée n’allait pas au delà. Le froid de la vitre pénétrait son front brûlant. Dans la cour de sa maison, il voyait un homme qui essayait d’entrer tandis qu’un autre homme le repoussait vers la sortie. L’homme qui voulait entrer c’était Goha, l’autre c’était le portier.