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XXIX

le complice


Cheik-el-Zaki apprit la mort de Nour-el-Eïn le jour même et résolut de suivre ses funérailles. Il traversa El-Kaïra à pied. Un vieillard se faisait raser la tête et son crâne saignait ; un âne était borgne ; un effendi en se mouchant dans les doigts s’était sali le caftan ; un marchand, assis sur sa couffe, un couteau à la main, raclait la plante de ses pieds… Jamais El-Zaki n’avait regardé la rue d’un œil si lucide. Son cerveau en enregistrait jusqu’aux moindres détails. Il observait tout et ne pensait à rien. Un cheik portait un caftan jaune et des chaussettes vertes ; les jambes d’un fellah formaient une ellipse. Les tableaux se succédaient rapides et nets. Parfois El-Zaki, d’un mot, les marquait au passage « Croûte… poil… ellipse… »

Devant la maison mortuaire, une foule station-