poste. Occupé à recoudre sa babouche, il n’interrompit pas son travail, ne leva pas les yeux quand elles passèrent devant lui.
Dans la rue, Amina proposa timidement d’attendre Goha qui, sans doute, ne tarderait pas à sortir. Nour-el-Eïn se vit tout à coup fuyant avec Goha sur un coursier qui les emportait loin, loin… Goha deviendrait son mari… Elle sourit à cette pensée et de nouveau ce furent les ténèbres. La vision avait été si rapide que, retombée dans sa prostration, Nour-el-Eïn souriait encore.
Cependant la vieille Mirmah protestait :
— Qui est ce Goha ? Tu ne le connais pas. Va chez ton père et dis-lui : je suis innocente et mon mari m’a répudiée…
Nour-el-Eïn imagina aussitôt toute une mimique pour berner Abd-el-Rahman. Les suggestions de ses esclaves trouvaient un écho immédiat dans son esprit, mais elles se heurtaient à une inertie physique totale qui lui faisait préférer la mort à l’effort que réclamerait le salut.
À ce moment, retentit une voix toute proche :
— Ha ! Ha ! Devant toi, idiot ! Tu ne sais pas marcher devant toi ?
Un âne chargé de deux couffes descendit en trottant sur la chaussée. Derrière lui apparut Goha, très affairé. L’âne prit à droite. Impatient d’étrenner son nouveau fouet, Goha le fit claquer en l’air. L’âne tourna à gauche.
— Devant toi, mon chéri, devant toi ! s’écria Goha.
Le groupe des femmes s’ébranla derrière le marchand de fèves. La courte scène à laquelle