et lui rapportait la réponse. En se prolongeant, ce mystérieux entretien devint d’une monotonie exaspérante. Soudain la voix aiguë de Hellal s’éleva :
— Goha, dit-elle, approche-toi.
Goha s’apprêtait à obéir, lorsque Mahmoud lui ordonna sévèrement de se rasseoir.
— Pourquoi te fâches-tu, Sidi ? fit Zeinab d’une voix traînante. Nous nous parlons à l’oreille pour que tu n’entendes pas nos sottises… Ne contrarie pas une femme qui allaite, Sidi, si tu ne veux pas que l’enfant boive du vinaigre…
Mahmoud allait lui répondre pour la tranquilliser, quand des coups précipités retentirent à la porte du jardin.
— Qui cela peut-il être ? murmura Zeinab.
— Que le malheur s’en aille ! dit la cuisinière.
— Que Dieu le veuille ! s’écrièrent les femmes.
— Voici le portier… Moi, je n’oserais pas ouvrir, dit Hellal.
— Pourquoi ouvrirais-tu, ma chère, puisqu’il y a le portier ? dit Nassime.
— Je dis cela, ma chère, reprit Hellal, pour le cas où il n’y aurait pas eu de portier…
— Et comment se pourrait-il, ma chère, qu’un seigneur comme Hag Mahmoud n’eût pas de portier ! s’exclama Nassime,
Un cri s’éleva :
— Une femme ! Une femme !
Toute la famille s’était groupée contre la fenêtre. Zeinab, haletante, étendue sur le divan, posait des questions.