hommes hochaient la tête gravement et se taisaient.
Les étudiants d’El-Azhar attendaient le philosophe, lorsqu’ils apprirent de Sayed, le vendeur d’oranges, dépêché par Hawa, que leur maître abritait sous son toit une épouse adultère. Aussitôt ils désertèrent sa colonne et se groupèrent autour de cheik Abou-Ali dont El-Zaki méprisait l’enseignement.
Le philosophe était en retard. Il franchit vivement le seuil d’El-Azhar et traversa la cour le front bas, improvisant la leçon qu’il avait négligé de préparer. « Je leur parlerai des jurisconsultes absurdes du Maghreb », songea-t-il, et il sourit comme il avait coutume de le faire au moment de rejoindre ses élèves. À quelques pas de sa colonne, il leva les yeux : les dalles étaient désertes et, là-bas, au fond de la cour, ses élèves recueillaient la parole d’Abou-Ali. El-Zaki reçut au cœur un choc si violent qu’il ne comprit pas l’affront. Dans la foule des étudiants et des maîtres qui discutaient ou priaient, il chercha un visage pour le prendre à témoin de sa stupeur : il ne vit que des dos. Un cheik qui passait, s’écarta de lui ostensiblement. El-Zaki qui n’avait cessé de sourire, d’un sourire stupide et fixe, réagit brusquement sous l’injure.
Il traversa la cour d’un air farouche, marchant droit sur les groupes qu’il obligeait à s’écarter. Dans la rue cependant, il éprouva de l’angoisse lorsqu’il s’aperçut que les boutiquiers, qui d’ordinaire baisaient humblement les manches de son