il répéta à plusieurs reprises : « Ce sont des outres… »
Parfois un geste précis, un mot surgissaient de son rêve. Alors, brusquement, tous les bruits du dehors s’apaisaient et il recueillait ce mot dans le silence ; la rue n’était plus qu’une ombre bleue où il voyait se mouvoir le bras blanc d’une femme. À mesure que ces visions revenaient, des poids s’engouffraient dans le creux de sa poitrine : les outres s’emplissaient.
Des rires, soudain, éclatèrent à ses oreilles. Une femme vêtue de rouge, les paupières graissées de fards, le tenait par le bras.
— Tu n’entends pas, imbécile ? Tu n’entends pas ce qu’on te dit ? De quoi es tu fier ? est-ce de ton joli visage ou bien de ton joli costume ?
D’autres filles s’approchèrent qui sortaient des maisons sordides. Quelques-unes se penchèrent aux fenêtres.
— Qu’est-ce qu’il veut celui-là ?
— Il vend des fèves.
— Que le diable l’emporte, il me plaît.
— Regardez ses lèvres… Sont-elles belles !…
— Et ses yeux donc !
— Il ne répond pas… Allah, qu’il est bête !…
— De grands yeux dans un cul d’âne !
Goha ne disait rien. Il aimait l’anomalie de son état et pour s’y tenir, pour ne pas tomber dans la réalité, il s’efforçait fébrilement à garder en lui vivants les souvenirs épars de la veille.
— Tu veux monter dans ma chambre ?