pas avec un idiot… C’est le cheik qui l’a dit à Waddah Alyçum et moi j’ai entendu…
Nour-el-Eïn eut un rire gêné.
— Écoute, fit-elle après une pause, je vais t’expliquer… Je l’ai appris dans le Coran. Tu l’as appris aussi, mais tu l’as oublié… Certains soirs les djinns battent des ailes et s’envolent… Ils se cachent dans les jardins du Paradis, chacun derrière un arbre, et ils prêtent l’oreille pour voler la parole d’Allah… Ne me demande pas ce qu’ils cherchent. Peut-être à dérober le secret des destinées ? Peut-être autre chose ?… La parole d’Allah est pleine de prodiges… Mais les gardiens ne dorment pas… Ils prennent les blocs de feu dans leurs mains et les jettent sur les djinns…
Goha éclata de rire.
— C’est bien fait… Ah ! Ah ! Les Anges du Paradis sont malins comme des singes… C’est bien fait ! Je suis content !
— En voici qui tombent !… En voici encore !… Encore !… J’en veux encore ! s’écria Nour-el-Eïn d’une voix rauque.
Un fanatisme frénétique la gagnait. Le poing tendu, la face haineuse, elle reprit :
— Tuez-les !… Détruisez-les !… Encore !… Encore !… Écrasez-les !…
Elle s’arrêta haletante : une vision venait brusquement de s’imposer à son esprit. « Encore… Encore… » balbutia-t-elle, mais ces mots eurent en elle une répercussion atroce. La fellaha lapidée sur la place publique revécut devant ses yeux, tordue sous le supplice et criant comme un augure.