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rapport difficile à lier, une vision disparue…

— Tu étais dans le jardin, dit-il.

Elle ne devina pas de quelle jardin il parlait et lui demanda de s’expliquer. Il poursuivit sans répondre à sa question :

— Tu étais toujours assise… Quand je marchais, ta pensée marchait avec moi…

— Assise… moi, dans un jardin ?

Goha murmura tristement :

— Puis, tu es partie… Je t’ai cherchée…

Elle crut comprendre qu’il évoquait les semaines lamentables qui avaient succédé à leur première rencontre dans la bibliothèque, ou, du moins, elle voulait le croire, car elle avait hâte de mettre fin à cet entretien mystérieux qui l’inquiétait.

— C’est moi qui t’attendais, mon amour, protesta-t-elle doucement en joignant ses lèvres à celle de son ami.


— Regarde ! regarde !

Nour-el-Eïn leva les yeux. Goha lui indiquait un point dans le ciel.

— C’est fini, dit-il.

Et aussitôt sa main s’agita. Il s’écria de nouveau :

— Regarde ! Regarde !

— Ne parle pas si fort… Allah ! comme tu parles fort ! Oui, j’ai vu… ce sont des étoiles filantes.

À quelques secondes d’intervalle, des aérolithes sillonnaient le ciel dans toutes les directions. Ils traçaient des courbes de feu au-dessus de la ville.