— Reste, reste, mon enfant, répondit El-Zaki. Ta présence me réjouit…
Ils s’assirent sur un divan tendu de soie verte et Cheik-el-Zaki demeura quelque temps la tête baissée, les yeux clos. Il égrenait un chapelet d’ambre, s’attardant parfois sur les boules polies et translucides pour marquer le défilé de ses pensées. Alyçum le considérait attentivement. La même crispation qu’il avait surprise à la sortie d’El-Azhar avait reparu sur les traits de son maître.
— Je t’aime, mon chéri, et c’est ce qui me chagrine, dit El-Zaki.
— Je ne comprends pas… balbutia Waddah-Alyçum.
— Le pouvoir que j’ai sur toi m’effraye, expliqua le maître, songe à ce qui t’attend si tu devais m’imiter. J’ai cinquante ans et je suis vieux.
Il prit un Coran aux enluminures éclatantes.
— Voici la vérité, dit-il.
— Que Dieu soit loué, fit le jeune homme.
— Dieu est grand, reprit El-Zaki… À quoi ai-je occupé mon existence ? Ce livre, je le récitais par cœur lorsque j’étais encore un enfant.
Dans cette tâche ardue, il avait été stimulé par l’ancêtre qui dormait au fond du jardin et dont sa mère lui retraçait la vie. Assis auprès du tombeau paisible, sous les arbres touffus, il écoutait l’histoire d’un saint et se proposait d’en suivre l’exemple. Il attribuait à la route suivie par le sage une sérénité pareille à celle qui émanait du mausolée riant.
Admis très jeune à l’Université d’El-Azhar, il