même temps que sa supériorité, il lui dit d’une voix émue :
— Toi, tu es un petit Goha…
À ce moment un jeune fellah qui passait introduisit sa main dans l’un des sacs et en retira une fève.
— Laisse-moi la peser, dit Goha.
L’enfant partit d’un éclat de rire qui mit le vendeur dans une colère folle.
— Quoi, dit-il, tu emportes ma fève sans la payer ? Rends-la-moi !
Il se leva pour poursuivre le malfaiteur qui s’enfuit à toutes jambes. « Escroc ! bandit ! » criait-il, mais après une course de cinq minutes il s’arrêta et s’assit à terre afin de reprendre son souffle. Puis il revint lentement à son buisson. Il en fit le tour, regarda de tous les côtés, mais en vain chercha t-il ses légumes et son âne : le tout avait disparu.
Avec consternation, il songea à ce qu’il devait faire. À perte de vue la route était déserte. Mais devant lui un mur très haut se dressait qui lui inspira une idée : de mauvais plaisants avaient peut-être tiré l’âne derrière le mur.
Il escalada le mur. Des centaines de citronniers, d’orangers, de mandariniers embaumaient l’atmosphère. Des roses à profusion bordaient des allées régulières que suivaient à pas comptés des paons et des ibis roses. Des jets d’eau s’effritaient dans des vasques, des oiseaux chantaient dans les branches. Goha se dit que si son âne s’était égaré parmi les massifs de verdure, il lui serait difficile