ciale. Devant lui se déployaient les arcades d’un aqueduc. Arrivé à Masr-Atika, il traversa le Khalig sur une passerelle de bois et prit la direction de Boulaq. Il longea le Nil où glissaient lentement des barques à voiles avec des cargaisons de poterie. De loin en loin, un dattier. Un corbeau tournoyait au ciel en croassant. Il s’infléchit vers la route et se posa sur le tronc couché d’un acacia. Goha prit une pierre, le visa. L’oiseau, atteint au flanc, tomba avec des cris. Goha le saisit par les pattes, vérifia sa blessure qui saignait à peine et poursuivit son chemin.
Le soleil surplombait la campagne. Goha marchait près de son âne et tenait en main le corbeau blessé. Il voyait devant lui, à dix minutes de marche, un village rose et blanc comme un entassements de petits cubes inégaux. Tout autour, des touffes de palmiers gris mettaient sur le sol des taches d’ombres, grandes comme la main. Sur la berge, deux figuiers de banians étendaient leurs branches recourbées dont l’extrémité trempait dans le fleuve. Goha qui avait soif songeait que dans ce village il trouverait de l’eau pour se désaltérer. Il pressa le pas. À mesure qu’il approchait, il pressentait des coins ombragés. Il fut bientôt sous les énormes figuiers et s’épongea le front. À sa droite, sur le pas d’une cabane badigeonnée à la chaux, trois femmes le regardaient en riant. Elles étaient debout, adossées à la porte, et se tenaient par la main. Une tunique de voile bleu, deux tuniques de voile rouge. Elles avaient des yeux vifs et des dents blanches. Leurs seins durs