Doucement, il murmura « taureau ! taureau ! » et cette injure où il y avait plus de mélancolie que de colère il l’adressait au gardien des tombes, à sa propre personne, au genre humain. Il se leva cependant. Par l’escalier qui se trouvait derrière la cuisine et ensuite à l’aide d’une échelle, il gagna la terrasse pour y épuiser, loin de tout regard, son immense désir de liberté.
Vers la même heure, Nour-el-Eïn, accompagnée d’Amina, de Yasmine et de Mirmah, revenait de chez le grand Cadi. La fête l’avait énervée. Elle s’y était rendue avec une hâte fébrile, désireuse de revoir Goha dont elle avait vainement espéré le retour depuis deux mois. Ayant répondu d’une manière sèche aux salutations des invitées, elle s’était assise à une fenêtre qui donnait sur les jardins du palais. Quoique éblouie par les guirlandes de lampions multicolores suspendues aux vastes tentures, et qu’elle ne pût rien distinguer, au premier abord, dans la foule qui s’agitait sous ses yeux, elle comprit que son amant n’était pas là, qu’il ne viendrait pas et elle n’eut plus d’autre pensée que de rentrer chez elle. La fête devait durer jusqu’au matin. Après l’exposition du linge ensanglanté, elle prétexta un violent mal de tête et, avec ses esclaves, monta dans son palanquin. L’eunuque Ibrahim suivit à pied.
Nour-el-Eïn s’enferma dans sa chambre et défit sa robe. Étendue sur son lit, elle se déplaçait sans cesse à la recherche d’un contact frais. La brise intermittente du désert qui pénétrait par la fenêtre ouverte, sillonnait son corps et disloquait