la nécropole ; à sa gauche, une ville blanche également silencieuse et déserte : El-Kaïra. Soudain, à l’écart, une mosquée au doigt levé : Kaït-Bey.
Goha pénétra dans la nécropole. Il côtoya les maisons blanches et, attenantes à ces maisons, les cours exiguës, dallées de marbre, où s’alignaient les tombes, les unes nues, les autres coiffées d’un turban.
— Ils prient, songea Goha gravement.
El-Kaïra dormait, la nécropole dormait. Seules veillaient ces formes figées dans la prière : les tombes.
Goha avait repris le chemin du désert. La mosquée du sultan Barkouk lui parut un monstre à plusieurs têtes. Il s’en écarta.
Mais une ombre s’était dressée devant lui. C’était Omar, le gardien des tombes.
— Où vas-tu à cette heure ?
— À la grâce de Dieu…
— Que Dieu soit loué… Que viens-tu faire ici ?
La question était tellement inattendue que, l’ayant enregistrée inconsciemment, Goha ne l’entendit que longtemps après. Ce qu’il venait faire là ? Il regarda Omar d’un air interloqué.
Goha avait marché au hasard avec le besoin de s’égarer dans la nuit. Il avait agi tout en ignorant le mobile de son acte, de même que nous vivons en ignorant le sens de la vie et son réveil était aussi pénible que le nôtre, lorsque nous nous voyons responsables de ce que nous avions cru fatal.