maintenant des explications qu’il jugeait inutiles, qu’il se sentait incapable de donner, et ce contretemps lui fit péniblement pencher la tête.
— Réponds-moi… Je t’ai mis sur tes gardes : mes diables commencent à sauter.
— Fais comme tu voudras, Hawa, balbutia-t-il d’un air suppliant.
Elle savait que sa grossesse aurait un dénouement terrible étant l’œuvre de Goha. Mais elle était incapable de situer un événement dans l’avenir, d’envisager dans toute sa plénitude cette calamité encore lointaine. Elle le considéra stupidement. Depuis qu’elle avait constaté son accident, elle s’efforçait en vain à s’en pénétrer. Comme tous les faibles d’esprit et comme tous ceux de sa race, elle manquait de prévoyance. Aussi sa douleur, quelque véhémente qu’elle fût, n’était qu’artificielle et l’impassibilité de Goha contrariait son application à souffrir. Pour lui confier son secret et se régler une conduite, elle avait attendu d’être seule avec lui et voici qu’aux premiers mots échangés le sens même de son malheur lui échappait.
— Hawa, tozz… tozz… Maudit soit ton père ! cria la voix perçante du perroquet.
Goha éclata de rire pour faire une diversion.
— Tu entends, Hawa, tu entends ?…
Alors elle éprouva de l’égarement, de la terreur devant cette incompréhension obstinée, et pour rassembler son énergie autour du drame, pour s’envelopper du drame et en imposer la vision à Goha, elle usa de mimiques violentes et de mots