Nassime et leurs filles. Dans l’antichambre, autour des trois épouses immobiles, des esclaves, des voisines pauvres et des fillettes coupaient, cousaient, criaient parmi des pièces déroulées d’étoffes chatoyantes. L’ouvrage de Hawa s’en accrut encore. Il fallait servir beaucoup plus de gens. Mais la pensée que ses maîtresses étaleraient bientôt avec orgueil leur visible maternité dans une foule innombrable et choisie soutenait son courage.
— Elles seront les reines de la fête ! criait-elle en battant des mains, ce sont les trois femmes d’un même homme ! quel honneur pour Sidi Mahmoud ! Quel honneur pour la famille !
Soudain la gaieté de Hawa tomba. Elle fut moins ardente à l’ouvrage, prépara moins de tisanes, et son café n’eut pas aussi bon goût. On la surprit aux fenêtres à ne rien faire et lorsqu’on l’interrogeait elle s’obstinait à ne rien révéler. En vérité, cet état de prostration n’était pas continu. Elle avait des crises d’activité, des retours d’enthousiasme où elle se montrait attentionnée, diligente, spirituelle, Son humeur n’en était pas moins changée, elle avait un ennui qu’elle ne voulait confier à personne. Aux questions de Zeinab, elle répondait invariablement qu’elle était heureuse.
Vint enfin le jour du mariage. Craignant que le nom des Riazy ne fût une fois de plus ridiculisé, Mahmoud avait décidé que son fils resterait à la maison et que Hawa lui tiendrait compagnie. À la dernière minute, Goha avait obtenu la