— N’est-ce pas, qu’il fait bon ?
Il s’assit auprès de Nour-el-Eïn et l’admira.
Des ondes de fraîcheur passaient dans l’atmosphère tiède. Elles allaient et venaient, parcimonieuses et rapides. Nour-el-Eïn, les paupières closes, les aspirait jusqu’à défaillir.
— Qu’il fait bon, dit-elle, répétant sans s’en apercevoir les mots d’El-Zaki, avec cet enthousiasme exclusif qui semble dire : ce que vous sentez ne m’importe pas ; voilà ce que je sens.
L’heure était proche du crépuscule. Dans les arbres du jardin, les oiseaux retrouvaient leurs branches. Chaque figuier en accueillait des centaines. Leurs cris de joie, leurs querelles et leurs prières se confondaient en un chant sans mesure. On entendait parfois le rire des domestiques dans la cour. Ils parlaient le patois barbarin du Soudan. Nour-el-Eïn était étourdie et quand, par moments, elle recouvrait la lucidité des sens, elle percevait soudain, comme après un long arrêt, le chœur ininterrompu des oiseaux.