Page:Ades - Josipovici - Mirbeau - Le Livre de Goha le Simple.djvu/164

Cette page a été validée par deux contributeurs.

La dallala sourit et se penchant vers Nour-el-Eïn :

— Il t’aime, dit-elle.

Nour-el-Eïn posa un doigt sur sa bouche et lui fit signe de parler plus bas.

— Il t’aime, répéta Warda en clignant de l’œil,

— Comment le sais-tu ?

— Ne me demande pas comment je le sais… Est-ce qu’il est venu hier ?

— Non…

— Avant-hier ?

— Il y a quatre jours qu’il ne vient pas.

Warda tapota l’épaule de Nour-el-Eïn d’un air satisfait.

— C’était inévitable. Il n’est pas sûr de lui-même. Mon talisman est infaillible.

— Qu’est-ce qu’il faut faire maintenant ?

— Ma fille, tu peux dormir sur mon dos… Je suis éveillée, je surveille tout et j’arrange tout.

Aidée par Amina, la dallala se souleva, sortit et revint avec son ballot de marchandises qu’elle avait déposé derrière les arcades. Elle en retira une tasse à café.

— Écoute-moi, dit-elle. Il t’aime. Maintenant, il faut qu’il vienne à toi et alors… Ha ! Ha ! Ha ! tu me comprends bien… Ah ! comme vous serez beaux tous les deux !

Et la dallala s’appliqua sur le bout des ongles un baiser sonore.

— Demain, il viendra rendre visite à ton mari… On lui offrira du café… Eh bien, regarde cette tasse.

Nour-el-Eïn, entre ses doigts fins, prit la tasse