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LE LIVRE DE GOHA LE SIMPLE

l’issue de l’entreprise. La veille et les trois jours précédents Alyçum n’avait point paru, aussi se perdait-elle en conjectures.

Elle fut tirée de ces pensées par l’appel aux fidèles.

— Midi, murmura-t-elle.

Elle entr’ouvrit les paupières et l’éclat des vitraux polychromes et des faïences l’éblouit.

— Voici ta sedjada, dit Amina, en étalant sur le marbre le tapis que sa maîtresse réservait aux prières.

Nour-el-Ein se leva et fit ainsi que Mirmah ses ablutions dans la vasque. Puis elle vint à son tapis. Les trois femmes, éloignées l’une de l’autre, se turent un instant, immobiles et droites. Elles élevèrent ensuite la main à hauteur du visage pour prononcer les mots de la foi « Dieu est grand. » Ayant récité le premier chapitre du Coran, elles se courbèrent, s’agenouillèrent, se prosternèrent deux fois, se relevèrent et de nouveau se courbèrent, s’agenouillèrent, se prosternèrent en signe d’humilité tandis que la voix des muezzins tombait des minarets au nord, au sud, à l’est et à l’ouest.

— Me voici, dit Warda en entrant comme Nour-el-Eïn terminait sa prière.

— Assieds-toi, et raconte-moi… vite ! vite !

La dallala s’accroupît avec difficulté, et son gros corps se répandit par terre, comme une énorme vessie à moitié gonflée. Elle baissa une paupière pour qu’on l’invitât à parler et s’essuya l’autre qui suintait.

— Tu as des nouvelles, Warda ?