défaite le reste de pudeur qui subsistait en elle. Dès lors, elle fut prête à toutes les audaces. Malgré les claquements de mains qui lui signalaient la présence d’un homme dans la maison, elle s’était un jour laissé surprendre sans voiles dans l’antichambre. Alyçum avait détourné la tête. Le lendemain, au passage du jeune homme, elle lança dans la cour une cuiller d’argent.
Ces moyens n’avaient donné aucun résultat. Warda ne s’était pas découragée. Elle connaissait un étudiant quinquagénaire de l’Université d’El-Azhar que sa pieuse persévérance à étudier les textes sacrés avait favorisé auprès des génies invisibles. Elle en avait obtenu un talisman infaillible pour susciter l’amour.
— Avec ce talisman, avait déclaré Warda, tu le verras à tes genoux. Dès qu’Alyçum posera le pied dessus, il t’aimera, Dans ses rêves, il ne verra que toi ; à son réveil il aura l’illusion que tu t’enfuis de sa chambre. Sa maison sera pleine de voix pareilles à la tienne… Ses lèvres seront brûlantes et il deviendra maigre comme un bœuf après deux ans de sécheresse… Seulement…
— Seulement quoi ?
— Je dois entrer dans son palais, desceller une dalle et la replacer de manière à ce que rien n’y paraisse.
— Eh bien ! fais-le.
— Il faut que je gagne les esclaves… J’ai besoin d’argent, de beaucoup d’argent.
Le talisman avait été placé depuis plus d’une semaine et Nour-el-Eïn avait attendu avec anxiété