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LE LIVRE DE GOHA LE SIMPLE

— Je te dis que tu es la plus habile.

— Joue… Joue… tu en recevras quatre, j’en suis sûre.

Nour-el-Eïn lança les osselets à une faible hauteur, raidit sa main. Deux seulement tombèrent sur ses doigts écartés. Elle fit un geste brusque pour intercepter les autres et ceux-là mêmes qu’elle avait reçus lui échappèrent.

— Oh !… Oh !… Rien… Je ne veux plus jouer.

Les cinq osselets d’ivoire gisaient sur le tapis.

— Tu en avais deux, reprocha Amina.

— Oui, j’en avais deux et tu étais jalouse. Tu m’as jeté le mauvais œil…

— Recommence…

— Alors tourne la tête… ne me regarde pas.

— Non… Non… je veux te voir…

Elles parlaient en riant aux éclats. Le rire pliait leurs bustes souples et agitait leurs seins qu’elles soutenaient de leurs bras.

— Allons !… C’est à toi, s’écria Amina.

Un seul osselet se maintint sur la main de Nour-el-Eïn et la gaieté des deux femmes s’accrut. Attirée par le bruit, Yasmine apparut à la porte. Elle se retira en balançant ses hanches. La vieille Mirmah vint à son tour. Les rides de sa face tremblotaient de mille petits sourires. Elle s’avança, un peu courbée, maigre, les jambes droites, les bras en avant, heureuse d’entendre rire sa jeune maîtresse qui depuis longtemps ne riait plus.

— Essaye encore, dit Amina joyeusement.

Cependant les lèvres de Nour-el-Eïn s’étaient