Ayant sérieusement résolu de se faire aimer par Waddah-Alyçum, elle eut une idée précise des difficultés à vaincre et des dangers contre lesquels elle devait se prémunir.
La dallala qui flairait une excellente affaire venait la voir journellement, cherchait à lui inspirer confiance. En peu de temps, Nour-el-Eïn fut amenée à de francs épanchements et à une claire notion de son désir. La voie, dès lors, était ouverte à l’intrigue. Elles eurent des entretiens mystérieux auxquels ni Mirmah, ni la Syrienne ne furent admises. Dès le premier jour, elles tombèrent d’accord sur ce point, qu’il fallait acheter à Mabrouka une attitude conciliante.
Warda parlait sans cesse de son tact, vantait sa finesse, exaltait son esprit de sacrifice aussi bien que son instinct du danger : « J’ai de l’expérience, disait-elle, suis mes conseils… Tu es servie comme une sultane. » Elle ajoutait en serrant la jambe de Nour-el-Eïn d’un geste maternel : « Ma chérie, tu es une enfant… Qu’aurais-tu fait sans moi ? »
Nour-el-Eïn réprima son désir d’assister au passage d’Alyçum dans l’antichambre, elle se contenta de le voir par la fenêtre et cette réserve coïncida avec un surcroît de politesses dans ses rapports avec Mabrouka. Au cours des repas qu’elles prenaient ensemble, elle la suppliait de bien se servir et lui tendait les meilleurs morceaux de viande qu’elle retirait de la marmite avec les doigts. Lorsque Mabrouka recevait la visite de ses vieilles amies, Nour-el-Eïn ne s’attar-