sité d’El-Zaki lui permettait une thésaurisation rapide et flattait ses mauvais instincts.
— Nour-el-Eïn, regarde, je t’apporte des boucles, les brillants sont purs.
Elle les prenait d’un geste las, leur jetait un regard furtif et les laissait retomber auprès d’elle, sans rien dire. Mais au départ de son mari elle ramassait les bijoux, les examinait fiévreusement et appelait Amina :
— Ma chérie ! s’écriait-elle d’une voix presque rauque. Regarde, regarde, n’est-ce pas qu’elles sont belles ?…
— Moins que toi… Moins que la plus petite lueur de tes yeux.
— Non ! Non ! Réponds-moi… Combien valent-elles ? Deux cents sequins ?
— Moins que ton plus petit sourire.
— Plus, beaucoup plus que deux cents sequins ?
Après ces enthousiasmes, elle prenait l’air désabusé qui lui était habituel depuis son mariage. Elle avait amené dans sa nouvelle maison, Amina une jeune Syrienne de son âge, la vieille Mirmah et Yasmine, une négresse dont les bras étaient d’une ligne impeccable. Malgré la société de ces femmes qui avaient pour elle un dévouement animal, Nour-el-Eïn s’ennuyait. Mabrouka surtout lui était odieuse. Les conseils qu’elle lui prodiguait à tous moments et les interminables réflexions qu’elle émettait sur les questions les plus simples l’exaspéraient. Un jour, elle avait été insolente et Mabrouka s’était promenée jusqu’au soir dans le harem en clamant son indignation :