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L’AVIATION MILITAIRE

sa défense ; ils se trouvent à Satory et à Vincennes, diamétralement opposés, observant l’ouest et l’est.

Satory

Le vaste plateau de Satory, très peu connu des excursionnistes, quoique touchant Versailles, est, depuis le camp jusqu’à Saint-Cyr, assez haut d’altitude pour dominer les coteaux avoisinants ; c’est un endroit désert, presque sauvage lorsqu’il est dépeuplé de soldats. Pays où on ne va pas, il ne mène nulle part, sauf un chemin peu fréquenté qui arrive au versant du midi vers Chevreuse, et qu’on pourrait dévier très facilement. Terrain rugueux, mauvais lorsqu’il pleut. En revanche, les vents y règnent pour ainsi dire en permanence. C’est là, rappelons-le en passant, que, le 14 octobre 1897, par un temps affreux, l’Avion n°3 périt, au bout d’une envolée de 300 mètres, dans un malheureux atterrissage.

Cette immense plate-forme naturelle, à l’ouest de Paris, constituera une position stratégique unique pour sa défense aérienne. Elle peut, et elle devra, contenir tout ce qu’il y aura d’engins aériens puissants, avec des installations terrestres formidables, pour rendre la place imprenable et son armée aviatrice invincible ; car celles-ci perdues, Paris le serait de suite.

D’abord, le plateau devra être complètement entouré d’une enceinte fortifiée bastionnée avec ouvrages détachés s’il le faut ; ainsi que d’autres systèmes de défense que la pratique et la clairvoyance des officiers du génie auront fait découvrir. À part les grosses pièces de forteresse, il faudra une nombreuse artillerie spéciale pour tenir le plus possible à distance les avions ennemis ; si les infortunes de la guerre amenaient ce cas, les canons verticaux permettraient, peut-être, à quelque compagnie d’avions de réserve de se porter au secours de la place.

Toute l’étendue de Satory sera utilisée : ce serait une