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STRATÉGIE AVIATRICE

et le bien pour nos ennemis. L’acier militaire avait fait l’unité allemande et l’acier industriel la maintient.

Cette suite de fautes, œuvre de la routine et de l’impéritie, va-t-elle se continuer pour l’aviation armée ? Espérons fermement que les étapes qui se succéderont pendant la période de son organisation n’auront pas autant de déboires que la première[1]. Il appartient aux stratégistes aériens, affranchis des vieilles idées, de forcer toutes les résistances.

Les frontières, où seront-elles dans le courant du siècle ? Si, comme terme de comparaison, nous les admettons actuellement à portée de canon, nous pouvons bien prédire qu’elles deviendront plus tard à portée d’avion ; obéissant ainsi à la loi de l’extension des grands États aux dépens des petits qui suivra son développement naturel, jusqu’à l’unification des peuples. L’aviation militaire couronnera ce grand événement. Sera-ce par la liberté ou le despotisme ?

Puissent nos gouvernants, en face de l’histoire, songer aux pages qu’ils y occuperont : élogieuses ou remplies d’amers commentaires !

LA FRANCE

Paris ? Malheureuse situation topo-météorologique. Trop près de partout. À vol d’avion : 180 kilomètres de la frontière belge ; 275 de Metz ; 150 des falaises de la Manche. Et ces distances, aériennement parlant, peuvent doubler, tripler, quadrupler, ou se raccourcir dans les mêmes proportions, selon que les vents seront contraires ou favorables et que les voies aériennes seront en activité ou au repos. Si jamais ville demande à être défendue, c’est bien notre capitale, placée, on peut dire, entre deux feux : Metz et Londres. Deux points providentiellement situés nous ont paru désignés pour exercer une action prépondérante dans

  1. Voir la brochure : La Première Étape de l’aviation militaire en France.