Page:Ader - L’Aviation militaire. 1911.pdf/78

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
42
L’AVIATION MILITAIRE

leur nourriture, et s’élever innombrables, tout doucement, jusqu’à un certain point de ralliement où ils se mirent tous à tourner, leurs ailes largement étendues et immobiles. Peu à peu la masse des corbeaux, en s’élevant, prit une forme circulaire qui s’accentua et finit par devenir une vaste couronne augmentant toujours de diamètre, sans aucun oiseau au centre. Arrivés à une haute altitude, les corbeaux devinrent des points noirs presque imperceptibles et prirent tous une direction unique. S’ils étaient parvenus à une si grande hauteur, sans le moindre battement d’aile et dans cet ordre circulaire, pendant un temps d’apparence calme au ras du sol, quelle en était la cause, sinon un courant d’air circulaire ascensionnel appartenant à un tourbillon ?

En mer. −La mer même a ses voies aériennes. Avec les faibles brises, comme pendant les tempêtes, des vagues se forment normalement au vent, douces ou agitées, mais toujours précédées d’un courant ascensionnel. À ces vagues marines, en effet, sont exactement superposées des vagues atmosphériques qui se perdent dans les hauteurs de l’air, tout comme celles de la mer dans les profondeurs de l’eau. Pour en profiter, les oiseaux marins sont donc obligés de voler très bas ; c’est pour cette raison qu’ordinairement on les voit voler haut en battant des ailes, ou bas en planant sur les vagues ; mais en l’absence de vent et de vagues, les mouettes, par exemple, n’apparaissent pas en si grand nombre, elles préfèrent se réunir dans quelque baie isolée et se reposer sur l’eau, même y dormir.

Les grands oiseaux sont à leur aise par les grands vents et les tempêtes ; les cormorans, dit-on, les préfèrent pour aller à la pêche ; et les frégates s’en servent sûrement pour traverser les océans. Mais tout ceci ne nous eût appris rien de bien profitable aux avions, la mer aurait été et sera toujours pour eux un grand danger ; certainement, à la rigueur, ils pourraient voler dans les courants ascensionnels résultant des vagues, seulement, à la moindre maladresse