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L’AVIATION MILITAIRE

Falaises. — Elles se présentent à quelques endroits, sous forme dentelée, bien souvent on les rencontre presque rectilignes sur de grands parcours ; dans les Landes à l’état de dunes ; ailleurs elles sont basses, doucement inclinées comme des coteaux, ou très hautes, abruptes, la mer les rongeant continuellement à leur base ; des rochers escarpés, restés debout, s’en détachent par places. Ces côtes bordant les océans devenaient des voies aériennes bien utiles, comme aussi très dangereuses, selon les caprices de l’atmosphère.

Avec un vent, bon frais, venant du large, tenu régulier par l’horizontalité des eaux, arrivant devant les falaises, douces ou à pic, pour être converti en un courant oblique ascensionnel, c’eût été des vols faciles et agréables. Par les vents de l’ouest, de Dunkerque à Bayonne, sauf quelques lacunes aux embouchures des rivières, à l’entrée des baies et dans des plages de pays plats, les avions auraient pu voler sans dépenser beaucoup d’essence ou de combustible, les propulseurs, la plupart du temps repliés, se laissant glisser à une faible altitude dans le courant ascendant à chaque instant renouvelé. Leur attitude pendant ce trajet aurait été l’avant vers la mer, tourné aussi plus ou moins dans le sens de la voie à parcourir ; c’était le vol oblique, vol obligé, excepté en calme plat, dans toutes les voies aériennes quelles qu’elles fussent.

Pendant les vents de mer violents se changeant en bourrasques, engendrant des courants indéterminés et des tourbillons dans les irrégularités de la haute falaise, c’eût été tous les dangers réunis, surtout en temps de guerre devant l’ennemi. La voie aérienne, devenue très difficilement praticable près de terre, aurait obligé les avions à voler à une certaine hauteur. Mais, avec des vents aussi impétueux, même moins, soufflant de terre, l’espace entre la haute falaise et la plage se serait changé en un énorme remous atmosphérique, devenu un véritable précipice.

Montagnes. — Les raids dans les pays montagneux, l’atmosphère étant calme, se seraient accomplis avec assez de