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L’AVIATION MILITAIRE

Les projectiles devront être pleins ou creux. Les premiers pourront être très allongés, même faits en plomb avec enveloppe en acier, affectant les formes des balles de fusils ; le canon, dans ce cas, sera long, de petit calibre, avec une culasse très résistante pour brûler des poudres très énergiques ; leur portée deviendra considérable, mais les effets resteront simplement perforateurs. Les seconds ressembleront au type obus, disposés pour éclater, par un réglage chronométrique, à fusée ou autrement, et à des hauteurs évaluées d’avance. Leur portée ne sera jamais aussi considérable que celle des projectiles pleins ; par contre, leurs effets s’étendront dans un rayon plus grand, chaque éclat devenant une chance de plus pour toucher l’objet visé.

Nous devons ajouter que, malgré la perfection de ces armes, le but sera rarement atteint ; comment pointer, prestement et juste, la lourde masse qu’est un canon vers un mobile se déplaçant continuellement ? Néanmoins, l’utilité de cette artillerie spéciale apparaît incontestable, pour tenir les torpilleurs de l’ennemi à une certaine distance.


Nuages artificiels

Cette nouvelle artillerie se trouvera elle-même difficile à défendre contre les avions ; blinder par-dessus les canons de campagne, il ne faut pas y songer, c’est à peine si cela pourra être pratiqué pour les pièces de forteresse. Alors, on pourra utiliser, dans certains cas de temps calme, les nuages artificiels, si faciles à former sur de grandes étendues, ainsi que le démontrent les vignerons lorsqu’ils veulent préserver leurs récoltes des gelées printanières. Oui, ce moyen de source si modeste gênerait bien les avions, qui, ne voyant plus la terre, n’auraient qu’à se retirer. Seulement, au moindre vent, ces nuages risqueraient de se disperser et la quiétude de l’adversaire d’en bas disparaîtrait avec eux.