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LES AVIONS

poste, et, pleins de détermination et de calme, sachant que de la précision de leur manœuvre dépendent la vie des autres et la leur, attendront le commandement : Partez ! envoyé par le porte-voix, la sirène ou un pavillon-signal… Ces envolées majestueuses seront toujours des moments de suprême émotion ressentie par tous, aviateurs et assistants.

Les opérations aériennes terminées, l’avion reviendra à son navire d’abordage ; dès qu’ils seront réciproquement en vue, des signaux seront échangés pour apprendre aux aviateurs que tout est paré sur le pont pour les recevoir et l’avion commencera alors ses manœuvres d’abordage. Il retrouvera le navire exactement vent debout ; l’arrière ouvert pour son passage, l’avant bastingué et matelassé mollement, en cas de dépassement de la ligne d’arrêt ; rien ne sera sur le pont, que les servants effacés à bâbord et à tribord ; les chaloupes à la mer, l’une à l’avant, l’autre à l’arrière, seront prêtes pour sauver les aviateurs s’ils venaient à manquer le pont. Enfin, d’une volée rasante, tout à fait contre le vent, l’avion se présentera sur l’arrière, entre 1 et 2 mètres de hauteur ; à cet instant, stoppant tout, ses roues d’avant bloquées, il touchera aussitôt le pont ; après le court patinage qui en résultera, le commandant du bord recevra les aviateurs, non sans leur témoigner son admiration.

Quitter le pont et y revenir semble aujourd’hui une témérité, la conception n’y est pas encore faite ; mais avec un peu de pratique, le raisonnement aidant, cette manœuvre deviendra sûrement facile ; effectuée en calme plat, on se la représente très bien à l’idée, tandis qu’avec les vents elle apparaît plus périlleuse. Ce sera l’inverse : par un vent même fort, l’avion se laissera choir doucement sur le pont sans patiner, ou peu. Par temps calme, l’abordage demandera presque toute la longueur du pont. Il restera bien la ressource de mettre le navire en mouvement pour lui créer un vent debout, mais rarement sa position dans l’escadre le lui permettra.

Les opérations que devra exécuter l’avion marin consis-