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STRATÉGIE AVIATRICE

Examinons quels seraient les effets d’une alliance franco-allemande. Tout de suite, l’Angleterre n’y verrait qu’une préparation à une guerre aérienne contre elle et s’y préparerait en conséquence. Laissons s’accomplir cette guerre : l’Angleterre vaincue ; Londres en cendres ; l’Allemagne nous tomberait dessus, sous un prétexte quelconque ; Paris ne serait pas plus épargné que Londres ; les Allemands se trouveraient absolument les maîtres de l’Europe. Renversons les rôles : la France ruinée ; l’Allemagne également ; l’Angleterre, débarrassée de tous ses concurrents, deviendrait omnipotente. On voit, par cet exposé rapide, que les dupes seraient toujours les mêmes, nous. Donc, pas d’alliance franco-allemande.

Voyons les avantages que nous recueillerions dans une alliance anglo-française : l’Allemagne à son tour deviendrait partie antagoniste. Si une guerre survenait, peut-être sans déclaration préalable, depuis Metz de grandes armées aviatrices viendraient nous surprendre et nous aurions à supporter seuls les premiers chocs ; si la résistance dans l’Est, par nos lignes transversales défensives, n’était pas suffisante ou était mal préparée, les aviateurs ennemis se présenteraient devant les forces aériennes réunies de Vincennes et de Satory, avant que les Anglais eussent pu parvenir jusqu’à Paris ; et c’est dans cette bataille que se déciderait le sort de notre capitale. Les avions anglais arriveraient à notre secours probablement trop tard.

D’autres explications seraient superflues. L’Angleterre seule profiterait de cette alliance parce qu’elle a un intérêt réel à nous conserver pour se conserver elle-même. Cependant, si cette entente s’imposait, ce serait la moins dangereuse.