Page:Ader - L’Aviation militaire. 1911.pdf/119

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
83
STRATÉGIE AVIATRICE

une des baies du golfe de Poméranie pour lancer leurs avions torpilleurs sur Berlin ?

Nous avons essayé de mettre brièvement en évidence les obstacles infinis que rencontrerait une campagne aérienne aussi gigantesque, tout en reconnaissant comme vraisemblable sa réalisation.

Maintenant, admettons l’inverse : que l’Allemagne soit victorieuse. Elle aurait l’aile rude ; elle s’installerait chez nous comme chez elle ; au besoin, sur les rives de la Manche, elle construirait ce qui y manquerait, et, prenant mille précautions pour ne pas être surprise, elle traiterait le Pas-de-Calais comme un prolongement de l’Alsace-Lorraine.

Puis, sus aux Anglais ! Heureusement pour eux, leurs formidables Gibraltars aériens se seraient trouvés prêts à recevoir les aviateurs prussiens. La lutte serait chaude ; les précipitations réciproques des avions ennemis, à terre, dans l’eau, ne diminueraient pas l’acharnement des combats aériens. L’artillerie verticale vomirait des projectiles qui obscurciraient le ciel de leurs explosions. Affolés, les aviateurs anglais quitteraient la garde circonlondonienne pour s’élancer en masse dans les airs, semblables à des nuées de corbeaux, et apparaîtraient ainsi devant leurs ennemis.

Et après, à qui la victoire finale ? Nous ne pourrions guère le préjuger. Ce qui n’est pas douteux, c’est que le vainqueur la ferait payer cher au vaincu !

Quant à nous, Français, quoi qu’il advînt, victimes de notre propre imprévoyance et des excès des belligérants, notre part serait claire : la ruine !


Probabilités sur les alliances aériennes

La diplomatie consolide ou trouble les rapports internationaux. Lorsqu’elle échoue, les armes décident. Avec les