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STRATÉGIE AVIATRICE

À la moindre alerte, par suite d’aéroplanes trop nombreux aperçus dans le détroit, ou à la vue de quelque manœuvre jugée insolite par des vigies inquiètes, bien qu’exécutée simplement outre-Manche, pour exercer les aviateurs à la défense des côtes, le branle-bas général risque d’être ordonné et même d’avoir lieu. On ne peut se faire une idée de l’indescriptible spectacle que serait cette immense concentration de machines volantes armées ! L’erreur constatée, évidemment, tout reviendrait à sa place. Et dire que les Londoniens sont appelés à assister, non pas peut-être, mais sûrement, à ces mobilisations aériennes inopinées ! Néanmoins, en temps de guerre, les choses ne se passeraient pas autrement. Il résultera même de ces entraînements forcés une supériorité marquée d’avier, en faveur des aviateurs anglais.

Et lorsque le brouillard couvrira et enveloppera Londres, que faire ? À chaque instant les habitants se figureront que des avions-torpilleurs ennemis viendront, sans qu’ils s’expliquent d’où ni comment, laisser choir sur la ville des feux grégeois et des cartouches de dynamite. Pour tranquilliser tout le monde, autant que pour se renseigner elle-même, l’autorité aviatrice enverra des machines volantes par-dessus le brouillard, pour monter la garde et assurer par des signaux que la haute atmosphère est déserte.

Dans l’avenir de l’Angleterre, il y a des points d’interrogation à l’infini, bien plus que dans celui des autres puissances ; parce que c’est elle que l’aviation obligera le plus à une transformation radicale. Autrefois, la mer était sa sauvegarde ; elle pouvait braver et brave encore toutes les puissances ; dorénavant, elle sera, avec les autres, dans le même enclos atmosphérique.

Puis, il y a la question de l’Irlande, dont on n’est pas encore venu complètement à bout, et qui pourrait se ravi-