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L’AVIATION MILITAIRE

raîtra devant la Grande-Bretagne pour lui démontrer : que la Manche ne compte plus ; que ses innombrables navires de guerre, ainsi que toutes ses citadelles avec leur grosse artillerie de côtes, seront devenus inutiles ; que le territoire britannique sera désormais ouvert à tous les vents ; enfin, que Londres, sans défense, au milieu de cette formidable garde extérieure, court le danger d’être brûlée dans deux heures. Oh ! alors, ce sera chez nos voisins un épouvantable cauchemar général.

Être maître des océans et voir Londres, le cerveau de cet immense empire, à la merci d’un raid aérien ! Par les Français ? Non. Par les Allemands ? Peut-être. « Ah !… Jamais ! »

Tel sera le cri dans tout le Royaume-Uni.

L’Angleterre voudra, et sera obligée de devenir la maîtresse de l’atmosphère. Pour y parvenir, ce sera chez elle une fiévreuse activité dont son histoire ne saurait fournir un pareil exemple.

Pour être juste, il nous faut convenir que les Anglais sont à la tête de l’industrie et des arts mécaniques. Ces aptitudes leur faciliteront considérablement la tâche de former des armées aviatrices. Mais toute chose, si grande soit-elle, a ses travers : il sera curieux d’observer, dans un temps prochain, la multitude d’inventions qu’on leur présentera ; bien peu de réalisables, sans doute, au milieu d’un tas de mauvaises. Les marchands d’aviation surgiront, de tous côtés, comme par enchantement, la veille indifférents, sur l’heure débordant d’enthousiasme ; jugez donc, en Angleterre il y a de l’argent et on a besoin de l’article ! Il s’ensuivra une réclame effrénée.

Aux débuts, peut-être, tout cela tombera dans la confusion et aboutira à un grand coup d’épée dans l’eau ; mais peu importera ; l’esprit pratique des Anglais saura discerner, parmi ses premières erreurs, les vrais moyens à mettre en œuvre pour finalement, et les premiers, présenter à l’Europe leur armée aviatrice. Craignons, pour la France, que ce soit l’enclume ! le marteau se préparant ailleurs !

L’amirauté aérienne — supposons qu’on l’appelle ainsi