Page:Ader - L’Aviation militaire. 1911.pdf/109

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
73
STRATÉGIE AVIATRICE

par rapport aux armées en campagne. La multitude de crêtes souvent escarpées qui sillonnent le pays, dont la description serait ici trop longue et que les stratégistes connaissent d’ailleurs très bien jusqu’aux moindres détails, seront autant de voies aériennes qu’il faudra étudier avec soin pour les faire figurer sur les cartes topo-météorologiques. Il ne faudrait pas s’étonner si, par la suite, on y plaçait quelques batteries verticales pour entraver leur fonctionnement pendant les hostilités.

On devra se méfier beaucoup des atterrissages naturels que l’ennemi pourrait trouver et utiliser dans les grandes plaines crayeuses de la Champagne et autres lieux ; selon l’importance du danger couru, on y pratiquera des obstacles et, au besoin, on les gardera avec de l’artillerie verticale. Même observation en ce qui concerne les routes dont on se gardera bien de couper les arbres. En un mot, par tous les moyens possibles, il faudra empêcher l’ennemi d’atterrir, à moins que ce ne soit dans l’intention de le prendre au piège.

Que de combinaisons à prévoir encore dans cette organisation défensive de l’Est ! Tout ce qui précède, issu de réflexions pessimistes malheureusement trop bien fondées, n’est que le faible tableau des réalités futures.

L’ANGLETERRE

Que fera l’Angleterre ? D’abord rien ! Tout continuera comme ci-devant : le commerce et l’industrie resteront les grandes préoccupations du peuple anglais ; la marine et les colonies, celles de ses gouvernants. Les détracteurs du pont sur la Manche, qu’une étincelle et une seconde suffiraient pour jeter au fond de l’eau ; du tunnel que la moindre vanne inonderait en un clin d’œil, persisteront dans leur opposition par crainte de compromettre le splendide isolement.

Puis, lorsque l’aviation militaire, perçant son voile, appa-