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STRATÉGIE AVIATRICE

armée aérienne venant de ce côté. La moindre faute commise, la plus petite erreur de conception dans l’organisation des ouvrages stratégiques, pourraient se transformer ultérieurement en un désastre irrémédiable ; aussi, quant à nous, ne pourrons-nous conseiller rien de définitif, tant la question est sérieuse et délicate ; nous prions même nos lecteurs de noter cette restriction qui s’applique à toute la région de l’Est.

On pourrait songer à un groupement de cinq ou six aires de premier ordre formant demi-cercle devant Metz, distantes de 20 à 30 kilomètres entre elles sur la circonférence et de 50 à 60 diamétralement. Une disposition de ce genre permettrait, après des vols de 30 à 50 kilomètres, la concentration, sur un même endroit, de tous les avions des aires concourantes, afin d’agir défensivement en empêchant les envolées des machines ennemies ; ou offensivement en allant les attaquer dans l’air et sur leurs aires. Aux environs de Verdun, devenu point d’appui, pourraient être les réserves nécessaires à ce demi-cercle d’avant-garde. Reste à savoir comment l’État-major allemand accepterait une pareille disposition ? S’il s’y opposait au point d’en faire un casus belli — ce qui prouverait que le système serait bon, − on en pourrait prudemment reculer la réalisation sur Verdun en agrandissant le demi-cercle et en augmentant le nombre des aires.

Grande transversale de Châlons

Cette première ligne de défense près des frontières de l’Est, pour si formidable qu’on la suppose, ne le serait jamais assez ; elle aurait infailliblement des situations faibles dont l’ennemi pourrait profiter. Cette éventualité réclamerait une deuxième ligne parallèle absolument infranchissable qui servirait d’appui général à la première et barrerait tellement les voies atmosphériques, qu’aucune armée aérienne n’oserait la braver, sans risquer d’être prise