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L’AVIATION MILITAIRE

devra être rigoureusement observée et défendue suffisamment, non pour cause de méfiance à l’égard de la Belgique, mais de crainte qu’une armée aviatrice ennemie ne trouve des passages libres pour nous envahir ; il serait si facile de violer les frontières chez les neutres ! Cette première ligne de défense Cherbourg–Lille ne suffirait pas ; dans le cas où elle serait forcée, l’ennemi devrait en rencontrer une deuxième, même une troisième, capables de l’arrêter et de l’empêcher de se porter devant Paris ; par conséquent, il les faudrait, en tout point, aussi formidables que la première. N’oublions pas que Satory et Vincennes ne doivent être considérés que comme une suprême réserve.

Tournons-nous maintenant vers la frontière allemande que les désastres de 1870 ont trop rapprochée de Paris, et bien prématurément en faveur de l’Allemagne, car à cette époque de malheurs, personne chez nos ennemis n’envisageait l’aviation militaire et, l’auraient-ils pressentie, qu’ils n’auraient pas mieux réussi. Si nous avions conservé nos bornes du Rhin, notre défense aérienne aurait pu être organisée efficacement. Avec Metz prussien ce sera bien difficile. De cette place forte pourront surgir à tout moment des surprises bien dangereuses pour la France. Metz deviendra très menaçante ; songez donc qu’elle ne sera plus, aériennement, qu’à deux heures de Paris !

Certes, il ne faudra pas commettre l’imprudence de négliger aucune des fractions de la frontière allemande ; en deçà, dans des positions bien choisies, on devra opérer et prendre les mêmes précautions que sur les côtes de la Manche ; cependant, avant tout, on devra se préparer à tenir tête à des forces aviatrices considérables qui ne manqueront pas de se trouver concentrées sur les aires protégées par Metz. À moins de courir d’avance à sa perte, la France devra poser des barrières infranchissables à toute