Page:Adelsward-Fersen - Notre-Dame des mers mortes (Venise).djvu/94

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
82
NOTRE-DAME DES MERS MORTES

Tant pis, ils ne sont pas intéressants ! image atroce et profonde de ce monde, le Monde, où plus que dans n’importe quelle branche de la société l’homme se fait hyène, le cœur se fait de pierre. Combien il y en a-t-il de ces gens même coupables qu’un dentier sentiment d’honneur, voire même d’orgueil, condamne à endurer les pires souffrances, sans se plaindre. Car se plaindre c’est adoucir un peu le mal qui vous torture. On vous bat, vous criez, cela soulage ! On vous tue… ne dites pas un mot !… Moi, je salue ces misères, car elles ont je ne sais quoi d’auguste malgré tous leur vices et toutes leurs fautes, elles ont je ne sais quoi d’auguste comme un Roi renversé. Oh ! La misère des grands noms, la misère des vieilles familles ! Quand on a gouverné à travers les siècles, qu’on a eu charges et dignités, qu’on a dédaigne, en face de la valeur d’une épée, de connaître la valeur de l’argent, on ne peut tout de même pas quêter sa nourriture !