Page:Adelsward-Fersen - Notre-Dame des mers mortes (Venise).djvu/92

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
80
NOTRE-DAME DES MERS MORTES

dut inventer de pareilles histoires pour sa fille n’en croyait pas moins Contarinetta.

Mais voilà qu’un jour, un jour de l’automne dorée, elles se rencontrèrent tout-à-coup chez des étrangers, l’une au piano, l’autre venant offrir ses menus ouvrages. Elles se jetèrent dans les bras l’une de l’autre, comprirent, pleurèrent, et jamais baiser ne contint plus d’infini.

Six mois après, le même mal, qui pour la première fois avait révélé à Contarinetta sa pauvreté, lui révéla sa misère. La princesse mourut de chagrin et d’épuisement. Le moment suprême arrivé, elle fit venir sa fille auprès de l’étroit lit de fer perdu sous les voûtes immenses de la chambre. Elle lui tendit ses pauvres mains tremblantes sans pouvoir parler. Elle avait la langue paralysée, l’enfant les yeux déjà atones. Entre cette muette et cette aveugle, l’une incapable de dire ce que l’autre ne voyait pas, Dieu fut le seul interprète et les baisers le