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MUSIQUES

sa dernière visite ! Il se souvint de l’impression tendrement mélancolique de ce ciel pâle d’Avril, les arbres sans feuilles, bourgeonnes à peine, le paysage morose, manquant de cette ferveur dont s’éveille le printemps. Il se souvint de son arrivée sur la plage, de ce casino banal et déserte dont les planches sonnaient creux comme les planches d’un cercueil vide. Les gosses de la plage, les pauvres petits mendiants aux haillons roux, lui avaient offert des coquillages, des hippocampes desséches dont les arêtes brunes ressemblaient aux fruits du caroubier. Et puis son désespoir intime, la sensation atroce d’être seul lorsque les lèvres tremblent d’amour inexprimé, que les bras ont de vagues désirs d’étreindre, de s’appuyer. Oh ! il avait été ému jusqu’aux larmes, cette après-midi là, et, sans se douter d’un retour improbable, longuement, le cœur vide pareil à Saint-Julien-du-Désert, les yeux perdus, il avait écouté la plainte de la mer. Ceux qui aiment,