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MUSIQUES

son esprit fut peuple de fantômes doux et blonds comme lui. Les petits de sixième qui pleurent les lundis soir sur l’oreiller, sont à ce moment-là inconsciemment lyriques. Toujours à cause des mathématiques, on l’envoya dans des villes plus lointaines étudier avec des professeurs, avec des spécialistes pour les bourriques. Entre deux théorèmes il allait regarder le ciel profond, profond comme son cœur à lui. On le surprit deux fois avec Musset, et grand fut le scandale. Un externe complaisant lui apportait des fleurs…

Aussi, quand après les baccalauréats il fut libre, sa vie nouvelle devint un continu bonheur. Il continuait de plus belle à écrire, car maintenant, l’ambition lui venait, démesurée pour son âge. Il était avide d’espoir. Le jour de ses vingt ans sa mère lui permit de partir en voyage. C’est alors qu’il vint à Venise, puis qu’il alla en Allemagne, en Russie et en Suède, — belliqueux d’enthousiasme,