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VENISE

riaient. Vénitiennes aux cheveux retroussés d’audace, long châle leur faisant des épaules minces, adorables comme les madones de Bellini. Et c’était si joli, ces sourires dans le crépuscule, que Jacques en fut réconforté.

Ils sautèrent sur le quai. Le gondolier les poursuivit.

— Esta noce, la Gondola, Signori ?

— Non, pas ce soir, nous irons nous reposer.

— Servo Suo.

— N’est-ce pas j’ai bien fait de refuser sa gondole, à l’homme, pour ce soir ? Nous avons encore en nous l’apothéose du soleil. Il y a des apothéoses si belles qu’on voudrait fermer les paupières pour mieux en conserver la vision…

Ils rentrèrent dans leur maison, la Casa Barbère, où la propriétaire, une vieille Istrienne, quasi bohème, quasi procureuse, avait loué à Sforzi, pour pas grand chose, des chambres dont la vue était sur la rive, merveilleuse. En pressant la porte, branlante et toute rongée par les