Jacques et Contarinetta, Sforzi et le marquis de la Spezzia, dans une gondole, suivaient la sérénade. Sforzi et le vieux marquis continuaient à deviser d’aventures galantes, Sforzi surtout, racontant une nuit d’amour où, dans un des plus anciens et des plus nobles palais de Venise, il s’était livré avec deux autres couples à des orgies quasi romaines. Jacques et Contarinetta, assis sur les marches, à l’avant, la main dans la main, rêvaient. Lui regardait les yeux de la jeune fille et les astres, elle les devinant presque, lui les unissant dans un baiser. Ils se disaient des choses très douces et très simples, tout entiers à la joie de se revoir. Un désir muet errait sur leurs lèvres et le vent emportait leurs paroles. Par instants Contarinetta souriait, d’un sourire où voltigeait son âme. Jacques grisé par son rêve se souvenait n’avoir jamais connu de joie meilleure, et, comme lorsqu’on est vraiment heureux, n’avait à l’esprit que des chansons tranquilles, que des caresses