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APOTHÉOSE

naissait la douceur de croire. Aimez-vous les histoires ?..

— Oh ! si je les aime. Grand-père m’en raconte encore souvent. Tenez par les mois d’hiver, aujourd’hui que nous n’avons plus nos villas en Sicile ou là-bas dans la campagne, il nous faut demeurer à Venise. Venise est triste en hiver. D’abord le ciel est gris, si bas qu’on y sent palpiter ses prières. Et puis il n’y a guère de monde. Les gens partent vers le soleil. Nous sommes seuls. Les salles doivent paraitre plus hautes et plus vieilles. On allume un feu de longues bûches, de ces bûches dont les ecorces flottent sur les fleuves et viennent des montagnes. Grand-père s’asseoit à côte et sur nos deux visages dansent par instants des lueurs tièdes. Quand j’étais plus petite, il me prenait sur ses genoux et caressait mes joues tout en parlant. Maintenant je m’assieds en face de lui, en grande personne. Il a des histoires merveilleuses comme les Mille et une Nuits.