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LE BAISER

avait murmurées avec la rapidité de l’éclair. La psalmodie qui, un instant s’était arrêtée sous les doigts de la jeune fille, reprit, plus ardente, plus triste. Et Jacques de Liéven comme en extase répétait :…N’ayez pas peur !…

— Pourquoi êtes-vous venu m’entendre, dit-elle sans un mouvement, impérialement belle, hautaine un peu.

— L’on m’avait dit… n’ayez pas peur.

Et en répétant vite, vite, cette phrase, Jacques ne s’apercevait pas que lui seul maintenant tremblait.

— Je savais presque que vous étiez là… Vous vous êtes donc caché ? La mélodie vibrait, comme un oiseau ouvre ses ailes… Je savais presque que vous étiez là. J’ai senti les fleurs… Après je n’ai craint plus personne.

— Ah, Contarinetta, quand vous les avez frolées sur l’ivoire, j’étais si ému… je n’ai pas osé ; cela me causait du bien et du mal tout ensemble. J’aurais désiré mourir… Je vous aime..