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LE PALAIS LABIA

les adorais. Dans les grands jardins ou j’ai passé mon enfance, j’allais cueillir dus bouquets que je tenais avec peine dans mes bras de gamin. Plus tard j’ai déniché dans les bois les violettes, les fraises, les églantines comme pas un, j’adorais cela… j’adorais, en courant, sentir mes mollets nus fouettés par les herbes hautes. Le soir dans ma chambre, leurs odeurs aromatiques me grisaient. Maintenant encore je les aime, les fleurs et j’en cueille autant que je peux. Seulement cela me fait de la peine en les voyant mourir.

— N’êtes-vous pas un poète ? dit l’enfant. moitié sérieuse, moitié souriante. Il faut être poète ou aveugle pour regretter la mort des fleurs.

— J’ignore si je suis poète, — la réponse du Jacques était hésitante, — mais j’ai un culte pour tout ce qui est beau, pour tout ce qui souffre.

— C’est un sentimental, conclut Sforzi. Ah