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II
OFFRANDE

caresses ont vibré sous ton ciel. Tes vieux palais et tes reliques splendides m’ont donné l’enthousiasme qui veille au sein de ta Beauté. Malgré mes vingt ans j’étais enlisé sur un sombre rivage. Le murmure de tes eaux, dorées par l’aurore, m’a chanté la consolation. Et tu es l’église vivante, où les pèlerinages sont doux.

Tantôt, au contraire — et c’est l’impression dominatrice — je ne t’évoque qu’avec la tristesse et la mélancolie du passé. Tu me sembles une reine embaumée, dormant son dernier sommeil sous des habits somptueux. Les ors, les mosaïques, les astres qui te parent, ne servent qu’à rendre plus impérialement morbide ta décadence. L’église, est-ce une église, vide de fidèles, sans miracles et sans foi, l’église s’écroule. Autour d’elle, les lagunes s’étendent, les lagunes infinies dont on distingue la vase aux plis rampants des herbes.