Page:Adelsward-Fersen - Et le feu s’éteignit sur la mer.djvu/93

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bables Locanda. Elle montait la garde à l’angle de la terrasse et semblait, chenue, bafouiller en sonnant l’heure. Le Municipio, trois cafés, deux coiffeurs, un pharmacien, et une marchande de légumes à l’échoppe noirâtre, où pendaient des piments, jouaient aux quatre coins avec leurs façades blanches, jaunes et roses couvertes d’affiches. Deux plaques de marbre célébraient Victor-Emmanuel et Garibaldi de chaque côté d’un cadran solaire. Ailleurs, des sotto portici s’ouvraient mystérieux, sales et frais sur les ruelles caillouteuses grimpant vers la montagne et dévalant vers la ville basse. Un peintre exposait ses Vésuves et ses grottes bleues dans une sévère vitrine chocolat. À l’angle de la tour, un poste de police, « Guardi Municipali », offrait un refuge de deux mètres carrés à des sergents de ville débonnaires, mêlés à des carabiniers farouches, moustachus et importants, qui évoquaient un « mêlé-cass » de Napoléon et de Pulcinella.

Et tout ceci, grouillant de lazzaroni, de pêcheurs et de commères piaillardes, puait le musc, l’huile frite et l’ail.

Pour l’instant, l’animation était au comble, à cause du départ du bateau pour Naples. On vivait le premier acte de Carmen. Dédaigneux devant les Cooks affairés, les gens du pays, superbes et comme